Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
jean-michel tesseron
17 mai 2018

alcool, tabac, musique et salafisme

 

le licite et l'illiciteLe Monde dans son édition datée du 17 mai 2018 donne la preuve irréfutable que je ne suis pas salafiste: cette "voie droite de l'islam" réprouve (euphémisme) l'alcool, le tabac et la musique.

Curieux, il faut donc que je ré-explore une nouvelle fois le Coran. Je me rappelle bien qu'il rejette les drogues et l'alcool, mais le tabac et la musique?

Dans le livre "Le licite et l'illicite en Islam" de Youssef Qaradhawi, qui fait référence, le tabac n'est pas explicitement interdit, contrairement "aux 'stupéfiants', tels que le hachich, la cocaïne, l'opium et autres substances dont on connaît les effets sur celui qui s'y adonne" (page 81); or, principe de base essentiel pour les musulmans selon Youssef Qaradhawi, "la règle essentielle de toute chose est la permission" (page 15), et ce qui n'est pas explicitement illicite est donc licite.

 

muezzinCependant, "tout ce qui se mêle au cerveau pour l'écarter de sa nature spécifique lui permettant de comprendre et de juger est une sorte de vin interdit par Dieu et par Son Messager (BSDL)(*)"(page 81); il y a ainsi là un bémol, pour faire jonction avec la musique...

Et la musique, alors? J'ai des disques de fort belle musique traditionnelle de Syrie, de Turquie, d'Irak, d'Iran... pas sûr d'ailleurs qu'il en reste grand chose aujourd'hui... et le muezzin ne chante-t-il pas lors de l'appel à la prière?

 

WagnerIl faudrait sans doute établir des catégories et des listes, comme Umberto Éco.

Ainsi, pour un mécréant occidental, Beethoven est moins suspect que Wagner auquel les tenants du 3ème Reich ont eu recours pour leur propagande; quoique Jean-Marie Le Pen et sa fille aient sollicité les bons services de L'Hymne A La Joie pour agrémenter leurs réunions d'affidés...

En revanche, il est indubitable que le rap entre dans "ce qui se mêle au cerveau pour l'écarter de sa nature spécifique lui permettant de comprendre et de juger" (le mien, en tout cas); et que dire du jazz, cette musique de sauvages aux origines douteuses? Et la musique classique contemporaine?

 

 

Le Coran ne cite pas explicitement la musique.

 

islam et musiqueLes musulmans en faveur du caractère illicite de la musique s'appuient sur la sourate Louqman n°31, qui dit au verset 6: "Et parmi les gens il y en a qui, dénués de science, achètent de plaisants discours pour s'égarer hors du chemin d'Allah et pour le prendre en raillerie. Ceux-là subiront un châtiment avilissant." Ainsi, Abhou Sahba a dit concernant ce verset: "Je jure par Allah qu'il s'agit de la musique" et Abdallah Ibn Abbas a dit qu'il se réfère à "la musique et ce qui lui ressemble."

Youssef Qaradhawi est plus nuancé (jésuite, diraient certains?) et manie le chaud et le froid; il affirme d'un côté que "parmi les distractions qui reposent les âmes, réjouissent les cœurs et plaisent aux oreilles, il y a le chant. L'Islam l'autorise, tant qu'il ne comporte pas d'immoralité évidente, d'allusion à la luxure ou d'exhortation au péché. Il n'y a pas de mal à ce que la chanson soit accompagnée de musique" (page 299); mais de l'autre côté il énonce: "cependant on doit respecter certaines normes en écoutant les chants: 1) il faut absolument que le sujet de la chanson ne s'oppose pas à la morale de l'Islam et à ses directives... 2) Il se peut que le thème ne s'oppose pas aux directives de l'Islam, mais la façon de réciter du chanteur fait passer le chant du domaine licite à celui de l'illicite.." (page 302); on remarquera qu'il ne traite pas le cas de la musique non accompagnée de chant, qui devrait donc être licite en application de l'énoncé "la règle originelle de toute chose est la permission" (page 15); mais attention, car en sens inverse "tout ce qui mène à l'illicite est lui-même interdit" (page 28).

 

 

Partition de Ludwig van BeethovenIl ne doit donc pas être très facile d'être musulman en matière de musique. Cependant la règle salafiste rigoriste énoncée dans le journal Le Monde va manifestement bien au delà de ce que l'on trouve dans le Coran.

J'ai fait ce long développement dans l'espoir de fournir un guide en cette période de ramadan qui vient de s'ouvrir,

Kouffar Jean-Michel

 

 

(*) BSDL: Bénédictions et Saluts de Dieu pour Lui

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
J
Bonjour,<br /> <br /> d'après une recherche rapide, et sous couvert de la fiabilité des infos qu'on trouve sur internet, le terme musique n'est pas utilisé dans le Coran. Il s'agirait d'ailleurs d'un mot qui n'est apparu dans la langue qu'au XIème siècle, ce qui ne nous rajeunit pas. Le terme original est grec (des Muses, donc un sens très large) Ce sont des écrits ultérieurs qui auraient stigmatisé le chant, puis les instruments, notamment parce qu'ils auraient été utilisés à des fins magiques (guérisons) donc blasphématoires pour le Coran. J'espère pouvoir croiser ces infos, je ne sais pas si elles sont exactes.<br /> <br /> Pour ce qui est de Wagner, je rejoins Jean-Michel: par ses écrits antisémites, l'homme s'est rendu infréquentable. Et une partie de sa musique glorifie le surhomme (Siegfried, Lohengrin, Parsifal) par rapport à des "sous-races": Mime, dans la tétralogie, est une caricature de juif. Il n'empêche que sa musique (souvent connue du plus grand nombre par des extraits orchestraux) possède une séduction à laquelle il faut prendre garde. On peut écouter du Wagner, mais garder son quant-à-soi.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui est du rap, des gens plus talentueux que moi se sont exprimés (même si, dans au moins un cas, il est bien antérieur à ce phénomène). Je ne suis pas sûr, mais je pense vous l'avoir déjà communiqué:<br /> <br /> <br /> <br /> Notre époque ne fait plus de musique. Elle camoufle par du bruit la solitude des hommes en leur donnant à entendre ce qu’elle croit être de la musique<br /> <br /> (Jacques Attali : Le bonheur, la vie, la mort, Dieu)<br /> <br /> <br /> <br /> Sur Inter comme sur ailleurs, c’est la bousculade du rap, du zap, du rock furax, de toutes les niaiseries sans paroles (sauf en anglo-américain) dont on nous abreuve du matin au soir<br /> <br /> (Bruno Frappat, La Croix, juillet 2016)<br /> <br /> <br /> <br /> L’hystérie bramante, où le décérébré spasmodique nous éjacule aux oreilles les giclées d’immondices anglomaniaques de sa consternante indigence<br /> <br /> (Pierre Desproges : chroniques de la Haine ordinaire)<br /> <br /> <br /> <br /> Pour le Jazz, je suis moins radical. Je fais la distinction entre tout ce qui s'est passé jusque dans les années 50, et ce qui a suivi (notamment mainstream et freejazz), avec une exception pour Dave Brubeck. J'ai également entendu sur France Musique, lors de leur émission de Jazz, l'expression d'une association de Jazzmen américains qui prétend qu'aujourd'hui, le jazz ne fait plus que reprendre les vieilles recettes. mes connaissances dans ce domaine sont plutôt limitées, et je leur laisse la libre opinion sur ce sujet! Mais je vous renvoie quand même aux savoureuses caricatures d'Hoffnung sur les Jazzmen...<br /> <br /> <br /> <br /> Si tu veux contrôler le peuple, commence par contrôler sa musique (Platon)
Répondre
jean-michel tesseron
  • Vie multiple: ingénieur Supelec à EDF puis RTE; musique bretonne; théâtre; poésie; foi chrétienne; philosophie; politique; actualité; points de vue; citations; coups de cœur; transition énergétique; photos de paysages, personnes, lieux aimés, portraits
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
12 abonnés
Derniers commentaires
Pages
Archives
Visiteurs
Depuis la création 61 945
jean-michel tesseron
Publicité