L'encyclique "Laudate si" du pape François

Je viens de terminer la lecture de l'encyclique "Laudate si" du pape François.

Elle est lumineuse, et tellement d'actualité...

Il appelle à une écologie véritable et intégrale qui demande à chacun de s'engager personnellement.

En voici des extraits qui m'ont particulièrement plu...

Malheureusement, beaucoup d’efforts pour chercher des solutions concrètes à la crise environnementale échouent souvent, non seulement à cause de l’opposition des puissants, mais aussi par manque d’intérêt de la part des autres.

On n’est pas encore arrivé à activer un modèle circulaire de production qui assure des ressources pour tous comme pour les générations futures, et qui suppose de limiter au maximum l’utilisation des ressources non renouvelables, d’en modérer la consommation, de maximiser l’efficacité de leur exploitation, de les réutiliser et de les recycler.

Les ressources de la terre sont aussi objet de déprédations à cause de la conception de l’économie ainsi que de l’activité productrice et commerciale fondées sur l’immédiateté.

On prétend légitimer le modèle de consommation actuel où une minorité se croit le droit de consommer dans une proportion qu’il serait impossible de généraliser, parce que la planète ne pourrait même pas contenir les déchets d’une telle consommation.

Si nous tenons compte du fait que l’être humain est une créature de ce monde, qui a le droit de vivre et d’être heureux, et qui de plus a une dignité éminente, nous ne pouvons pas ne pas prendre en compte les effets de la dégradation de l’environnement, du modèle actuel de développement et de la culture du déchet, sur la vie des personnes.

Souvent on n’a pas une conscience claire des problèmes qui affectent particulièrement les exclus. Ils sont la majeure partie de la planète, des milliards de personnes… Il semble souvent que leurs problèmes se posent comme un appendice, comme une question qui s’ajoute presque par une obligation qui se pose de manière marginale, quand on ne les considère pas comme un pur dommage collatéral.

Les pouvoirs économiques continuent de justifier le système actuel, où priment une spéculation et une recherche du revenu financier qui tendent à ignorer tout contexte, de même que les effets sur la dignité humaine et sur l’environnement.

Si le seul fait d’être humain pousse les personnes à prendre soin de l’environnement dont elles font partie, « les chrétiens, notamment, savent que leurs devoirs à l’intérieur de la création et leurs devoirs à l’égard de la nature et du Créateur font partie intégrante de leur foi ».

Quand la justice n’habite plus sur la terre, alors la Bible nous dit que toute la vie est en danger.

Quelle merveilleuse certitude de savoir que la vie de toute personne ne se perd pas dans un chaos désespérant, dans un monde gouverné par le pur hasard , ou par des cycles qui se succèdent de manière absurde !

Dieu a voulu créer un monde en route vers sa perfection ultime, et ceci implique la présence de l’imperfection...

Dieu a écrit un beau livre dont les lettres sont représentées par la multitude des créatures présentes dans l’univers.

Quand la justice n’habite plus la Terre, la Bible nous dit que toute la vie est en danger.

Dans les récits anciens de la Première Alliance , empreints de profond symbolisme, une conviction actuelle était déjà présente : tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres.

Tout est lié, et la protection authentique de notre propre vie comme de nos relations avec la nature est inséparable de la fraternité, de la justice ainsi que de la fidélité aux autres.

Quand on propose une vision de la nature uniquement comme objet de profit et d’intérêt, cela a aussi de sérieuses conséquences sur la société.

Chaque créature a une fonction et aucune n’est superflue.

La terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous.

Quand l’être humain se met lui-même au centre, il finit par donner la priorité à ses intérêts de circonstance, et tout le reste devient relatif.

Toute atteinte à la solidarité et à l’amitié civique provoque des outrages à l’environnement.

En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte à remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives qui empêcheraient la dégradation de l’environnement.

La protection de l’environnement ne peut pas être assurée uniquement en fonction du calcul économique des coûts et des bénéfices. L’environnement fait partie de ces biens que les mécanismes du marché ne sont pas en mesure de défendre ou de promouvoir de façon adéquate.

Il faut éviter une conception magique du marché qui fait penser que les problèmes se résoudront tout seuls par l’accroissement des bénéfices des entreprises ou des individus.

L’heure est venue d’accepter une certaine décroissance dans quelques parties du monde, mettant à sa disposition des ressources pour une saine décroissance dans d’autres parties.

Un dialogue ouvert et respectueux devient aussi nécessaire entre les différents mouvements écologistes, où les luttes idéologiques ne manquent pas.

Etant donné que le marché tend à créer un mécanisme consumériste compulsif pour placer ses produits, les personnes finissent par être submergées dans une spirale d’achats et de dépenses inutiles.

Les hommes croient « qu’ils sont libres, tant qu’ils ont une soi-disant liberté pour consommer, alors que ceux qui ont en réalité la liberté, ce sont ceux qui constituent la minorité en possession du pouvoir économique et financier".

La situation actuelle du monde engendre un sentiment de précarité et d’insécurité qui, à son tour, nourrit des formes d’égoïsme collectif.

Plus le cœur de la personne est vide, plus elle a besoin d’objets à acheter, à posséder et à consommer. Dans ce contexte, il ne semble pas possible qu’une personne accepte que la réalité lui fixe des limites.

Il est toujours possible de développer à nouveau la capacité à sortir de soi vers l’autre. Sans elle, on ne reconnait pas la valeur propre des autres créatures, on ne se préoccupe pas de protéger quelque chose pour les autres, on n’a pas la capacité de se fixer des limites pour éviter la souffrance ou la détérioration de ce qui nous entoure.

C’est seulement en développant de solides vertus que le don de soi dans un engagement écologique est possible.

Quand quelqu’un ne s’arrête pas pour observer et évaluer ce qui est beau, il n’est pas étonnant que tout devienne pour lui objet d’usage et d’abus sans scrupules.

On peut vivre intensément avec peu, surtout quand on est capable d’appréhender d’autres plaisirs et qu’on trouve satisfaction dans les rencontres fraternelles, dans le service, dans le déploiement de ses charismes, dans la musique et l’art, dans les contacts avec la nature, dans la prière. Le bonheur requiert de savoir limiter certains besoins qui nous abrutissent, en nous rendant ainsi disponibles aux multiples possibilités qu’offre la vie.

Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie secrète avec la création, a réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure, dont la présence « ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée ».

Il faut reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde, que cela vaut la peine d’être bons et honnêtes.

Le repos est un élargissement du regard qui permet de reconnaître à nouveau le droit des autres.