It-girl, fachipster... De l'usage des catégories
Grâce à la lecture de l'Obs, toujours passionnant, j'apprends avec l'édition du 22 décembre 2016 au 4 janvier 2017 l'existence de nouveaux personnages: l'écolo catho conservateur, la it-girl néo-puritaine, et le fachipster. Ils viennent s'ajouter, pour s'en tenir aux dernières décennies, au hippy, gaucho, facho, yuppy, bobo, nerd, geek, et j'en oublie sûrement.
Mais pourquoi s'acharner à distinguer toutes ces variétés? Pour mettre les gens dans des petites boîtes? Serait-ce plus facile et confortable pour pouvoir se livrer sans risques aux joies du prêt-à-penser?
Umberto Eco a consacré aux énumérations une bonne partie de sa vie, et en a tiré, outre les catalogues qui figurent dans beaucoup de ses ouvrages, un remarquable livre tout entier, "Vertige de la liste", où l'on apprend bien des choses. A titre d'exemple, Jorge Luis Borges se référait à une encyclopédie chinoise où les animaux étaient classés selon les catégories suivantes:
- ceux qui appartiennent à l'Empereur;
- ceux qui sont embaumés;
- ceux qui sont domestiqués;
- les porcelets à la mamelle;
- les sirènes;
- les animaux fabuleux;
- ceux qui sont peints avec un très fin pinceau en poil de chameau;
- autres;
- ceux qui viennent de briser un vase;
- ceux qui, vus de loin, ressemblent à des mouches.
N'y a-t-il pas là des idées à creuser pour les journalistes et faiseurs de mode?